Chronique #1
Une question du goût...
Par :
Anne Deslauriers, Nutritionniste Diététiste
Vos bonnes résolutions tombent-elles à plat, lorsque vous décidez d’améliorer votre alimentation? Voici ce qui pourrait expliquer ce phénomène.
Savoir qu’un aliment est nutritif n’est pas suffisant pour nous inciter à le consommer. Le goût est en fait le facteur qui a le plus d’influence sur nos choix alimentaires. Autrement dit, même si vous êtes décidé à consommer plus de légumes, votre volonté ne sera peut-être pas suffisante si vous n’êtes pas porté vers ces aliments. Vous vous forcerez, me dites-vous? Votre attirance risquerait bien de diminuer avec le temps...
Le goût, ça se développe!
Pour atteindre ses objectifs, pourquoi ne pas miser sur le plaisir de bien manger? Le goût, ça se développe si on se place dans de bonnes conditions. Voici quelques principes simples pour en venir à aimer les aliments nutritifs que l’on n’aime pas ou qui nous laissent indifférents:
• Acheter des produits frais pour profiter d’un maximum de saveurs;
• Goûter souvent, en petite quantité et persévérer, comme on le ferait avec un enfant. L’attirance pourra se développer seulement si l’expérience reste agréable. Rien ne sert de se forcer à finir la portion, si on n’aime pas.
• Donner du temps à notre goût pour qu’il évolue; pas question d’être drastique
• Apprendre à apprêter de différentes manières ces aliments pour renouveler notre plaisir.
Les goûts, ça ne se juge pas : il y a des raisons pour lesquelles ils se sont développés ainsi. Et il n’est jamais trop tard pour les faire évoluer!
Chronique #2
Et si c’était simple...
Par :
Anne Deslauriers, Nutritionniste Diététiste
On me questionne souvent sur les propriétés des aliments. « Est-il vrai que les carottes sont trop sucrées? Quel est le fruit le plus nutritif? Tel poisson contient-il des contaminants? » Ma réponse à ces questions se résume en un mot : variété. Je m’explique.
On aimerait parfois mettre une étiquette « santé » à un aliment, pour trouver l’assurance de manger sainement. Toutefois, classer ainsi les aliments en « bons » et « mauvais » constitue une fausse sécurité parce qu’en réalité, aucun aliment n’est parfait. Manger sainement, c’est manger varié.
Par exemple, le poisson est bel et bien nutritif, mais il n’est pas complet. Manger du poisson sept jours sur sept nous empêcherait de profiter des forces des autres viandes et des substituts (œuf, légumineuses, tofu, noix). Il en va de même pour les fruits et les légumes qui contiennent des éléments nutritifs différents d’un à l’autre. Varier permet de puiser le meilleur de ce que nous mangeons car chaque aliment a quelque chose de positif à nous apporter.
Je vous entends dire : « Même les biscuits? Et les frites? » Comme les humains, chaque aliment a ses forces, et également ses faiblesses. Varier permet donc d’éviter un surplus de ce qui est moins avantageux pour notre santé : mauvais gras, sel, nitrites, contaminants, etc. Ainsi, en variant les desserts (yogourt, compote, biscuit, bol de framboise, chocolat…), les biscuits ne seront pas au menu trop souvent.
Il peut être plus simple d’équilibrer son alimentation en s’en remettant à des principes simples comme celui de la variété. On mange un peu de tout, sans éliminer aucun aliment sous prétexte qu’il est moins nutritif, et on profite d’une grande variété de saveurs dans chacun des groupes alimentaires.
Chronique #3
Ni trop, ni trop peu
Par :
Anne Deslauriers, Nutritionniste Diététiste
Saviez-vous que plus de 95 % des personnes qui suivent une diète reprennent le poids perdu dans les cinq années suivantes? Et ceci est vrai, que la diète soit drastique ou basée sur le Guide alimentaire canadien. Une des raisons de cet échec : respecter ces règles diététiques nuit au plaisir de manger. Sans ce plaisir si essentiel, l’attirance envers la nourriture devient exagérée, provoquant la perte de contrôle et le retour vers les anciennes habitudes. De plus, les diètes sont trop strictes. On passe du surplus au manque important de calories. Privé de ce qu’il a besoin, l’organisme réagit pour se protéger, provoquant ainsi la reprise du poids perdu.
Le corps : une machine intelligente
Et si on se laissait plutôt guider par le corps pour consommer la bonne quantité de nourriture? Quand il a besoin de carburant, les signaux de faim sont lancés : creux dans l’estomac, tiraillement, légère nausée, gargouillements. Ces signes sont parfois accompagnés d’un léger mal de tête et de fatigue. Bien qu'il soit instinctif pour les enfants de sentir et respecter leur faim, on se déconnecte parfois de ce signal, en devenant adulte. Toutefois, il est possible de rétablir la connexion en étant plus attentif à ses sensations physiques avant de manger.
Il est bon de savoir que quand la vraie faim n’est pas au rendez-vous, manger constitue un surplus pour notre corps, car il n’avait pas signalé son besoin de nourriture. Et cela reste vrai, peu importe s’il s’agit d’une pomme ou d’une friandise. Répétés trop souvent, ces surplus réguliers pourraient mener à une prise de poids.
Vraie faim, fausse faim
Une foule de raisons peuvent inciter à manger en l’absence de faim physique. Il s’agit alors de « fausse faim », et l’envie peut être très forte. On prend peut-être une collation par habitude, parce que les autres mangent, pour se stimuler, parce qu’on est fatigué ou pour se faire plaisir, comme récompense. On grignote parfois pour passer le temps, éviter de penser à des choses désagréables, ou simplement parce qu’on est en présence de nourriture.
Il nous arrive tous de manger par goût, alors que la faim n’est pas là. Inutile de culpabiliser : manger doit demeurer un plaisir! Rester à l’écoute de la faim permettra de distinguer si c’est le corps qui a besoin de manger, ou si c’est la tête. En déterminant les raisons qui poussent à manger sans faim, on peut changer graduellement ses comportements et corriger certaines habitudes.
Chronique #4
Manger : quand le « comment » influence le « combien »
Par :
Anne Deslauriers, Nutritionniste Diététiste
Simple satisfaction pour certains, amour passionnel pour d’autres, manger est agréable pour la majorité d’entre nous. Notre société ne s’est jamais auparavant, je pense, intéressée aux plaisirs de la table. L’abondance de livres de recettes, d’émissions, de sites Internet et de magasines de cuisine, en témoignent. Pourtant, il me semble percevoir une contradiction. D’un côté, on parle constamment du plaisir de manger, et de l’autre, on n’a jamais autant négligé ce geste. On a tendance à manger rapidement, et sans y porter attention, en travaillant, dans l’auto, en lisant le journal, devant la télévision…
Et si on prenait le temps de le vivre réellement, ce plaisir?
Il semblerait que notre façon de manger ait une influence sur la quantité consommée. Quand la tête est occupée par autre chose, on mange de façon distraite, sans s’en rendre compte, ce qui nous empêche de retirer le plaisir de manger, si essentiel. Rempli, mais pas réellement satisfait, on reste attiré envers la nourriture. Au contraire, manger consciemment, en portant attention aux goûts, aux textures, et se questionnant sur ce qui nous plait, nous aide à mieux percevoir qu’il est temps d’arrêter de manger.
En mangeant ainsi, concentré sur vos perceptions, vous serez portés à manger plus lentement, et vous remarquerez que vos premières bouchées sont satisfaisantes. Vous avez faim, et vos sens sont « allumés », prêts à informer votre cerveau. Puis, avec un peu de pratique, vous constaterez plus tard durant le repas, manger ne vous procurera plus autant de plaisir qu’au début. Vous deviendrez moins attirés envers la nourriture qu’au tout début du repas, indice que votre corps en a reçu suffisamment. C’est le signal de satiété.
Serez-vous capable d’en laisser dans votre assiette? On n’a pas toujours besoin d’autant de nourriture qu’on le croit. Beaucoup d’adultes ont un peu perdu contact avec cette façon de sentir la satiété. Toutefois, avec un peu de pratique, en dégustant davantage, consciemment, les perceptions se précisent.
Et vous, prenez-vous le temps de manger de façon consciente vos repas?
Chronique #5
Pain, pâtes, patate : amis ou ennemis?
Par :
Anne Deslauriers, Nutritionniste Diététiste
Vous vous sentez coupable de manger des pommes de terre? Vous croyez que les « P » font engraisser? Voilà un mythe bien populaire. Malgré tout ce qu’on en dit,
on ne devrait jamais éliminer les féculents de notre alimentation
. Par
féculent
, on fait référence au groupe incluant les pâtes alimentaires, les pains de toutes sortes, les pommes de terre, le riz, les céréales à déjeuner, etc.
Pourquoi ont-ils leur place dans notre assiette? D’abord, parce que ces aliments farineux contiennent des éléments nutritifs qu’on retrouve peu ailleurs. Ils sont indispensables à la santé en fournissant des glucides, principale source d’énergie du corps, et seul carburant du cerveau. Ils servent aussi à calmer la faim, et à régulariser l’appétit.
Alors, pourquoi plusieurs diètes amaigrissantes conseillent-elles de « couper les P »?
Ces régimes qui bannissent les féculents provoquent souvent une perte de poids, c’est vrai. Mais attention! Il s’agit en fait d’une perte d’eau et de muscles, en bonne partie. Et même si cette perte de poids est temporaire et risquée, les vendeurs de diètes savent très bien que leur clientèle sera ravie de voir une différence sur le pèse-personne dès les premiers jours. Et qui dit clientèle satisfaite, dit profit...
Ce qui n’est pas dit, c’est que trop réduire les féculents peut provoquer une foule d’effets secondaires: faim persistante, manque d’énergie et de concentration, maux de tête, ralentissement du métabolisme, envies constantes de manger et obsessions de nourriture. Après un certain temps, il est donc normal que les gens abandonnent la diète, surconsomment, et reprennent le poids perdu. Et cela n’a rien à voir avec le manque de volonté.
La juste proportion
Aucun doute : pour la santé autant que le poids, il est avantageux d’
avoir des féculents à chaque repas
. Il est vrai, toutefois, que ce groupe a parfois tendance à occuper trop de place dans notre assiette. Au diner et au souper, ce sont les légumes qui devraient être en vedette, représentant environ la moitié du repas, et les féculents et la viande (ou un substitut) joueront des rôles secondaires. Ainsi, un sauté de légumes dans lequel on retrouve du poulet et des pâtes sera mieux proportionné qu’un plat de pâtes contenant un peu de légumes et du poulet.
Allez-y, mangez en paix vos pommes de terre!
Saison 2
Chronique #1
Court-circuiter sa façon de manger
Par: Anne Deslauriers, nutritionniste
Savez-vous ce qu’ont en commun les marchés de producteurs, les paniers fermiers et les kiosques à la ferme? Il s’agit d’exemples de circuits courts de distribution alimentaire , c’est-à-dire des circuits qui comportent un intermédiaire au maximum entre le producteur et le consommateur. 1
Si le circuit court était la norme autrefois, il a connu un recul important, au Québec, et la plupart des produits alimentaires passent par de nombreux intermédiaires avant d’arriver entre nos mains. Toutefois, le circuit court fait un retour en force, et ce n’est pas étonnant, vu ses nombreux avantages pour le producteur et pour le consommateur.
Survolter l’économie locale
Le circuit court constitue un véritable soutien à l’économie locale et à l’emploi. Selon le MAPAQ, si chacun de nous investissait 30 $/an de plus en produits québécois, on injecterait collectivement un milliard de dollars en 5 ans dans l’économie locale
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. Limitez les intermédiaires et le transport favorise un commerce plus équitable et permet ainsi à des fermes familiales de survivre, ce qui n’est pas simple, dans un contexte qui favorise les gros joueurs de l’industrie alimentaire.
Énergie durable
Le kilomètre-aliment, vous connaissez? Une étude
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révélait en 2009 que d’un fruit ou légume vendu dans les grandes surfaces parcourait en moyenne 5000 km. Dans un marché de producteur comme le Marché du Vieux-Port, la majorité des produits parcourent entre 10 et 150 km, puisqu’ici, le circuit court va de pair avec l’achat local. L’impact environnemental peut se traduire de multiples façons : transport sur nos routes réduit à son minimum, moins de suremballages pour protéger les produits, moins de gaspillage lié à la manipulation...
Coup de foudre pour le goût
Ultimement, le consommateur est le grand gagnant. Pour nous, l’impact le plus immédiat est bien sûr le goût et le plaisir de savourer des aliments d’une fraîcheur exceptionnelle. Avec des arrivages quotidiens, les fruits et les légumes, cueillis le matin même, sont à leur maximum de qualités gustatives et nutritives. Cette courte distance du champ à l’assiette permet au producteur d’offrir ce qu’il a de meilleur à son client : des tomates muries à point sur le plant, du maïs qui n’a pas encore perdu son sucre, des radis croustillants et gorgés de leur eau, des fraises qui ont conservé leurs fragiles arômes, et j’en passe!
Plus qu’un choix politique ou écologique, favoriser les circuits courts est un gage de fraîcheur et de qualité pour le consommateur.
Références :
- 1. Équiterre, Projet de recherche « Mangez frais, mangez prè» . www.equiterre.org/projet/nos-recherches/mangez-frais-mangez-pres
- 2. Équiterre, Pourquoi manger local? www.equiterre.org/sites/fichiers/pk-manger-local.pdf
- 3. Association des Marchés publics du Québec, Faites votre marché… public! Guide pour le démarrage, le développement et la consolidation d’un marché public. 2009.